30/07 - GISÈLE HALIMI, DÉFENSEUSE PASSIONNÉE
DE LA CAUSE
DES FEMMES, NOUS A QUITTÉ.

1972 : Gisèle halimi défend l'avortement
Pour parler de Gisèle Halimi, qui est morte le
28 juillet, au lendemain de son anniversaire, deux mots s’imposent
d’emblée : battante, insoumise.
Le 27 juillet 1927, dans le quartier de
la Goulette, à Tunis, lorsque naît Zeiza Gisèle Elise Taïeb, personne ne fait
la fête. Comme elle le raconte dans La Cause des femmes (Grasset,
1974), son père, Edouard, est si désolé d’avoir une fille qu’il met plusieurs
semaines à avouer sa naissance à ses amis. Ce père qui n’aime pas les filles
aimera pourtant passionnément « sa » fille. Tandis qu’entre Gisèle et
sa mère les relations ont toujours été difficiles, comme on peut le lire tant
dans Le Lait de l’oranger (Gallimard, 1988), émouvant
récit autobiographique, que dans Fritna (Plon, 2000).
Mme Taïeb aurait sans doute voulu une fille
plus docile. La jeune Gisèle résiste à tout, allant jusqu’à faire, à
10 ans, une grève de la faim pour appuyer son droit à la
lecture. Elle défie les sentiments religieux de sa famille juive en refusant
d’embrasser la mézouza avant d’aller en classe.
A 16 ans, elle refuse un mariage arrangé,
obtient de faire ses études de droit en France, revient à Tunis et s’inscrit au
barreau en 1949. La rebelle qu’elle a toujours été devient militante.
D’abord pour l’indépendance de son pays dont, tout en étant Française, elle
n’a jamais abandonné la nationalité. Elle a toujours aimé la Tunisie, y
est régulièrement retournée et, à Paris, elle aimait cuisiner, pour ses amis,
des plats tunisiens.
En s’installant en France en 1956 et en
épousant Paul Halimi, un administrateur civil, elle change de nom et donne
naissance à deux fils. Elle divorce, tout en gardant ce nom par lequel elle
s’est faite connaître, et épouse Claude Faux, qui fut le secrétaire de
Jean-Paul Sartre. Elle a avec lui un troisième fils. Jamais de fille. C’est
peut-être pour cela qu’elle aura, avec sa petite-fille, la relation
passionnelle qu’elle analyse dans Histoire d’une passion (Plon,
2011), son dernier livre publié.
Longue bataille contre la torture
Quand commence la guerre d’Algérie, c’est une
évidence pour Gisèle
Halimi de militer aux côtés de Sartre et de ceux qui signeront, en
septembre 1960, le Manifeste des 121. En 1960, apprenant
qu’une Algérienne de 22 ans, Djamila Boupacha, accusée d’avoir posé une
bombe a été arrêtée, torturée et violée par des soldats français, elle décide
de la défendre.
Commence alors une longue bataille, dans laquelle
Gisèle Halimi entraîne Simone
de Beauvoir. Celle-ci écrit une tribune dans Le Monde et
crée un comité, avec, notamment, Jean-Paul Sartre, Louis Aragon, Geneviève de
Gaulle, Germaine Tillion. Djamila est finalement jugée en France, à Caen,
en 1961. En dépit de la brillante plaidoirie de Gisèle Halimi, elle est
condamnée à mort, mais sera amnistiée et libérée en 1962 après les accords
d’Evian qui mettent fin à la guerre d’Algérie.
La même année, chez Gallimard, Simone de Beauvoir
et Gisèle Halimi publient, avec d’autres, Djamila Boupacha (Gallimard),
un livre de témoignages sur toute cette affaire. Sur la couverture, le portrait
de Djamila est réalisé par Pablo Picasso. L’histoire de Djamila Boupacha et de
Gisèle Halimi est devenue un téléfilm, réalisé par Caroline Huppert. Pour
Djamila a été diffusé pour la première fois le 20 mars 2012
sur France 3. Le rôle de Djamila Boupacha est tenu par Hafsia Herzi et celui de
Gisèle Halimi par Marina Hands.
Dès lors, Gisèle Halimi est considérée comme
l’avocate des causes difficiles. Qui l’a entendue plaider, même dans des
affaires plus mineures, connaît le charme de sa parole. Et son aplomb. Un jour,
opposée à un Robert Badinter plutôt condescendant, elle a commencé sa
plaidoirie par un retentissant : « Je ne me laisserai pas
renvoyer à mes fourneaux par le professeur Badinter. »
Sans être la porte-drapeau d’un parti, Gisèle
Halimi est, depuis toujours, engagée en politique. C’est pourquoi,
en 1965, avec Evelyne Sullerot, Colette Audry et quelques autres, elle
fonde le Mouvement démocratique féminin pour soutenir la candidature de
François Mitterrand à la présidence de la République.
Féministe, sans que le mot ait encore un sens pour
elle, elle l’a été depuis son enfance à la Goulette. Aussi, logiquement, on la
retrouve en 1971
parmi les signataires du Manifeste des 343, publié par Le Nouvel
Observateur. Toutes ces femmes déclarent avoir
avorté, donc avoir violé la loi, et plaident pour que les femmes n’aient plus à
mettre leur vie en danger en avortant clandestinement. La même année, Gisèle
Halimi fonde avec Simone de Beauvoir le mouvement Choisir la cause des femmes,
qui prendra part à toutes les luttes féministes et organisera la défense de
nombreuses femmes maltraitées.
Le procès de Bobigny
En 1972, une jeune fille de 16 ans,
Marie-Claire, et sa mère qui l’a aidée à avorter, sont poursuivies en justice.
Elles demandent à Gisèle Halimi de les défendre. Bien décidée à plaider,
non seulement pour ces deux femmes, mais pour la libéralisation de
l’avortement, Gisèle Halimi fait venir au procès à Bobigny de prestigieux
témoins, dont le professeur de médecine Paul Milliez, fervent catholique, père
de six enfants. Marie-Claire est relaxée, sa mère condamnée mais dispensée de
peine.
C’est une grande avancée vers la loi sur
l’interruption volontaire de grossesse, qui, portée par Simone Veil après
l’élection de Valéry Giscard d'Estaing, sera promulguée en
janvier 1975. Cette affaire
est, elle aussi, devenue un téléfilm, Le Procès de Bobigny, réalisé
par François Luciani. Il a été diffusé en mars et en avril 2006
sur plusieurs chaînes, dont France 2. Anouk Grinberg interprète Gisèle Halimi,
et Sandrine Bonnaire, la mère de Marie-Claire.
Pour les féministes, une nouvelle lutte commence
alors, demandant que le viol soit reconnu comme un crime. Une fois de plus,
Gisèle Halimi est là. En mai 1978, à Aix-en-Provence, devant les assises
des Bouches-du-Rhône, elle représente deux jeunes femmes Belges qui ont porté
plainte contre trois hommes.
Dans la nuit du 21 au 22 août 1974, elles
ont été violées alors qu’elles campaient dans une calanque. Les trois hommes
plaident non coupables. Hors du prétoire, Gisèle Halimi est bousculée,
injuriée, menacée. Les hommes sont condamnés. Et de nouveau ce procès ouvre le
chemin vers la loi de
1980, qui reconnaît le viol comme un crime. L’affaire a fait l’objet
d’un documentaire en 2014 réalisé par Cédric Condon (Le Procès du
viol) et d’un téléfilm, Le Viol, d’Alain Tasma, diffusé
en 2017.
L’écriture, son autre passion
En 1981, le candidat que Gisèle Halimi avait
soutenu dès 1965, François Mitterrand, devient président de la République. Elle
a alors envie de participer à l’aventure et devient députée apparentée
socialiste de la 4e circonscription de l’Isère, avant d’être ambassadrice
de France à l’Unesco, de 1985 à 1986. Au terme de tout cela, elle
retourne avec plaisir à son métier d’avocate, et décide de consacrer plus de
temps à son autre passion : écrire.
Elle publiera une quinzaine de livres entre 1988 et
2011, dont le dernier, Histoire d’une passion, à l’âge de
84 ans. Une occasion de dire, dans un entretien au Monde, son
sentiment sur la vieillesse : « La seule crainte, si l’on est
en bonne santé, est celle de la faiblesse intellectuelle. Or je me sens en
pleine capacité. Plus riche même, de l’expérience. Bien sûr, il y a certaines
limites. Autrefois, pour un procès d’assises, comme celui de Bobigny, je
pouvais travailler une nuit entière sur un dossier, me doucher, prendre un café
et aller plaider. Aujourd’hui, je ne pourrais pas aller au-delà d’une heure du
matin. Mais c’est assez minime. Ce n’est pas si désagréable de vieillir si l’on
ne coupe pas la vie en étapes, si on ne se dit pas : “Maintenant
c’est fini, je suis entrée dans la vieillesse”. »
Citant Marguerite Yourcenar, qu’elle admirait, elle
voulait mourir comme elle avait vécu : « Les yeux
ouverts. »
--------------------------------
Cette femme se battait pour l'avortement dans des
cas de viol ou d’impossibilité de vraiment assuré l'avenir de l'enfant, mais pas les avortements qui sont devenu un génocide comme cela
l'a été avec la loir Simone Veil en août 1975*
En 1978, le procès qui a changé le regard de la France sur le
viol
Anne Tonglet et Araceli Castellano se sont battues
pour que le crime qu’elles ont subi en 1974 soit reconnu comme tel aux assises,
quatre ans plus tard. Aujourd’hui, elles racontent leurs vies brisées.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/03/21/le-proces-du-viol_5273942_3224.html----------------------------------------------------------------------
* MACRON - SIMONE VEIL AU PANTHÉON. UNE IGNOMINIE DE PLUS ! LES FRANÇAIS N'Y VOIENT QUE DU FEU.
Aucun commentaire:
Publier un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.