26/07 - INTERPELLATION HUMILIANTE DE
LYCÉENS À MANTES-LA-JOLIE :
L’ENQUÊTE DE L’IGPN CLASSÉE SANS
SUITE.
CONFIRMATION DE LA DICTATURE EN
FRANCE.
L’enquête préliminaire
portait sur l’interpellation en décembre 2018 de 151 jeunes lors
d’une mobilisation lycéenne à Mantes-la-Jolie (Yvelines).
Les images de
l’interpellation avaient provoqué un
choc retentissant. Cent cinquante et un jeunes âgés entre 12 et
21 ans, mis en rang, à genoux mains sur la tête, encadrés par des
policiers en tenue et filmés par eux. L’enquête
préliminaire confiée à l’inspection générale de la police (IGPN)
portant sur cette interpellation survenue en décembre 2018, lors d’une
mobilisation lycéenne à Mantes-la-Jolie (Yvelines), a été classée sans suite,
a-t-on appris vendredi 26 juillet auprès du parquet de Nanterre.
L’Union
nationale lycéenne puis dix mineurs avaient déposé plainte notamment pour
« atteinte arbitraire à la liberté individuelle », « violences
volontaires par une personne dépositaire de l’autorité publique » ainsi
que pour « diffusion illégale de l’image de personnes ». Plus de sept
mois plus tard, une enquête préliminaire concernant 12 plaintes, ouverte le 12
février et confiée à la « police des polices », a été
classée sans suite le 24 juillet, a précisé la procureure de la République dans
un communiqué à l’Agence France-Presse (AFP).
« Le fait de retenir les personnes
interpellées en position à genoux ou assise, entravées pour certaines d’entre
elles, apparaît justifié par le contexte exceptionnel de violences urbaines
graves et le nombre de personnes devant être conduites dans les locaux de
police, nécessitant une organisation matérielle incompressible », écrit la procureure de Nanterre, où le dossier a
été dépaysé.
Les
plaignants « placés en garde à vue ont bénéficié des droits légaux
attachés au régime de la garde à vue », souligne la procureure.
Les « violences aggravées »dénoncées par quatre mineurs « ne
sont corroborées, ni par leurs déclarations ou les observations de leurs conseils,
ni par les examens médicaux des médecins légistes, ni lors de leur présentation
à un magistrat dans le cadre de la prolongation de leur garde à vue »,
selon le communiqué du ministère public.
L’auteur
de la vidéo, un « fonctionnaire de police, fait l’objet d’une
procédure de sanction administrative, et une action disciplinaire est
sollicitée auprès du procureur général de Versailles », a précisé
vendredi la procureure de Nanterre. En revanche, la personne ayant diffusé la
vidéo n’a pas été identifiée, « le site hébergeur refusant de
répondre à la réquisition judiciaire, au nom de la protection des “droits
et libertés des utilisateurs” ».
Cette décision « n’a
pas de sens, ni factuel, ni juridique, et elle est sans conséquence sur l’enquête
qui se mène », a réagi Me Arié Alimi, avocat des familles et de
l’UNL. Il a souligné qu’une vingtaine de nouvelles plaintes avaient été
déposées et qu’un juge d’instruction allait être saisi du dossier.
Au
milieu de l’été, « cela ressemble plus à des effets d’annonce qu’à
des annonces », a-t-il estimé. Seules « quatre
victimes » ont été entendues, a affirmé l’avocat, qui parle d’une « non-enquête ». « Là
encore, il n’y a pas de surprise », a déclaré Yessa Belkhodja,
porte-parole du Collectif de défense des jeunes du Mantois. « Concernant
les enquêtes préliminaires, la police qui enquête sur la police, on n’y croit
pas vraiment ».
Un collège de cinq avocats
– dont Emmanuel Tordjman, l’un des deux conseils des familles de Zyed Benna et
Bouna Traoré, électrocutés à Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) en 2005 –
s’est constitué pour défendre la vingtaine de familles qui a porté plainte.
Les
avocats des plaignants ont sollicité la saisine d’un juge d’instruction en
déposant une plainte avec constitution de partie civile le 6 mai. Cette
deuxième procédure, qui doit aboutir prochainement à l’ouverture d’une
information judiciaire, se poursuit, a confirmé le parquet.
Dans
cette affaire, deux autres enquêtes ont été ouvertes. Une enquête
administrative a conclu à l’absence de « comportements
déviants de la part des policiers », a annoncé mi-mai la patronne de
l’IGPN. L’enquête du Défenseur des droits, qui s’est lui-même saisi du dossier,
est quant à elle toujours en cours.
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