28/02 - LE LIVRE "LES GILETS JAUNES"
VUS PAR JEAN-MICHEL
VERNOCHET.
Jean-Michel Vernochet est un écrivain essayiste, géopolitologue,
journaliste et publiciste français, né le 6 septembre 1947 à Paris, sur les
hauteurs de Belleville. Nous le rencontrons à chaque "Fête du Pays Réel"* ainsi que de belles personnes comme Youssef Hindi, Marion Sigaut (article récent) et Karl Lang qui nous parle de l'affaire Benalla dans un article à ce jour. La France retrouvera ses valeurs en redevenant chrétienne, en retrouvant "La Famille". Jérôme Rodrigues, d'origine portugaise, appelle ainsi les Gilets Jaunes.
------------------------------------------------------
Entretien au sujet de la
sortie du livre « Les Gilets Jaunes… l’insurrection civique – Les
racines de la colère », 20 janvier 2019 -184 pages -16 €
JB – La première
question qui vient à l’esprit se résume à deux mots : “déjà un livre”
?
Nous sommes en guerre
contre un système qui tue nos libertés une à une. Il n’y a donc pas de temps à
perdre. Et pour l’heure il s’agit d’une guerre de mouvement et pas d’une
guerre de tranchées. Tout se joue contre la montre. En effet, ou bien le peuple
encoléré parvient à transformer l’essai et à imposer ses propres objectifs pour
la gestion du pays – objectifs très différents il va sans dire de ceux
poursuivis par la République macronienne – ou bien il échoue, rentre dans ses
foyers et remâche sa déconvenue. Retour à la case départ avec au mieux un léger
saupoudrage de réformettes très vite effacées par le modernisation du pays,
c’est-à-dire son implacable intégration dans le Marché Unique Planétaire.
D’où l’importance
d’accompagner au sens fort – avec pour outils, en ce qui nous concerne, le
recul de la pensée réflexive et de la raison critique – les courageux
manifestants qui s’expriment au nom du Pays dans toutes ses composantes
historiques. Tous gens de la France profonde mobilisés contre les marcheurs nomades
de la France d’en haut, pseudos élites déracinées, hors-sol en rupture de ban
d’avec notre histoire, notre morale et nos traditions. Ajoutons qu’il est plus
facile d’écrire l’histoire deux siècles après les faits qu’au fil des jours et
de l’actualité. Le spectre des régicides de 1793 est certes moins dangereux que
les tenants de l’actuel pouvoir et de leur arsenal de répression juridique. À
nous par conséquent d’écrire ou de réécrire l’histoire en temps réel, afin,
pour commencer, de contrer le violent torrent d’informations viciées dont nous
sature les médias sur les grands réseaux et canaux tant privés que publics.
JB – Mais un livre
pourquoi faire ? Tout n’a-t-il pas été déjà dit sur cette crise ?
Les GJ sont pour la partie
visible, celle qui défile et se rassemble chaque samedi, les strates
inférieures – pour parler comme les sociologues – des nouvelles classes
moyennes qui sont en voie de paupérisation, mais pas la seule. Nombreux qui
sont GJ du haut en bas de la société ce qui tendrait à prouver qu’il s’agit
bien d’une révolte indigéniste, celles des de souche qui sente ou présente qu’à
moyenne ou courte échéance ils pourraient se voir parqués dans des réserves à
la mode euratlantiste. Quant à ceux qui défilent, sont ceux sur les jambes
infatigables desquels reposent tout le mouvement, à savoir en majorité des
salariés précaires ou précarisés, généralement redevables de l’impôt sur les
revenus. Ceux-ci voient s’éroder, se restreindre comme peau de chagrin,
notamment par la privatisation et la disparition des services publics, leur
cadre existentiel de base. Je m’explique.
Nous sommes entrés dans la
société du “tout payant” ! Ce qui hier encore était gratuit devient
onéreux, la part de l’État régulateur diminuant à proportion de la
privatisation progressive et rapide de nombreux secteurs jusque là détenus ou
plus ou moins pilotés par l’État. Entreprises semi-publiques et même domaines
régaliens (Défense, Justice, Police) passent discrètement et progressivement –
lentement mais sûrement – sous la coupe de multinationales et d’intérêts très
privés. Deux exemples. L’État a ainsi concédé les autoroutes hexagonales à des
groupes alors qu’il était prévu au départ, alors que l’État était le premier
investisseur et donneur d’ordre, qu’après amortissement elles soient
gratuites ! Or les péages ne font qu’augmenter. Avant hier la réexpédition
du courrier était gratuite, plus maintenant, et elle est cher. Les petits
ruisseaux faisant les grands fleuves, les caisses de l’État, ces tonneaux
percés, à l’instar de beaucoup d’entreprises déficitaires plus ou moins bien
gérées, sont de sorte alimentées, par une foultitude de petites ponctions,
indolores isolément – le prix du carburant en est un exemple – mais qui
finissent, accumulées, par former d’insupportables charges financières. Mais
cela les imbéciles qui nous gouvernent, chacun voyant midi à sa porte, se
dispensent d’avoir une vue d’ensemble et c’est ainsi que les budgets
particuliers sont de plus en plus insupportablement grevés. Reste que cela
n’est pas amendable au coup par coup parce que cela procède d’un état d’esprit,
d’une philosophie délétère de la conduite des affaires et de la marche de
l’État.
Pour répondre plus
précisément à votre question, dans le maquis des lois, des règlements, des
procédures, des normes, il faut que les GJ se donnent les moyens d’être peu ou
prou en mesure d’y voir un peu clair. Pas de reconstruction possible, pas de
réformes si l’on ne sait pas où se situe la panne, là où la machine grippe,
quelles pièces remplacer. D'où l'utilité
de l"Audit proposé par le CNTF pendant la période de Transition. En l’occurrence, c’est tout le moteur
économique et politique qu’il faut envisager de modifier voire de changer, et
le plus vite possible. Telle est l’ambition de ce livre après quelques
autres* : apporter des éléments consistants permettant de nourrir le
débat… le vrai débat pas celui évidemment mis en scène pas M. Macron pour
amuser la galerie et habiller les intentions mensongères à l’absolu qui sont
les siennes.
Parce
qui si le mouvement parvient in fine à vraiment ébranler le système – ce que je
souhaite de toutes mes forces – il faut qu’il ait les moyens de comprendre d’où
vient le mal, quels sont les grosses roueries mises en œuvre pour conduire
troupeau des cochons de payants à toujours plus cracher au bassinet, sans trop
rechigner … En un mot, comment le faire taire et l’aveugler suffisamment pour
lui faire accepter, lui le vulgum pecus, le sort détestable réservé en régime
social-libéral au commun des mortels, à la multitude ignorante… dont se gausse
si souvent le sieur Macron quand il ne va pas lui passer la main dans le dos.
Belle, émouvante image que celle du Concours agricole (dit Salon de
l’Agriculture), où, devant un parterre de figurants et de militants seuls
habilités à occuper les travées de cette foire à l’esbroufe et non encore
ouverte au public. On se souviendra – morceau d’anthologie – de ce bonhomme
chauve s’épanchant sur l’épaule de notre gandin – reconverti pour la
circonstance en saint consolateur de toutes misères d’ici-bas – qui en retour,
avec une lourde insistance, lui caresse les omoplates. Quatorze heures d’un
barnum au final assez puant.
Un retraité craque en évoquant ses difficultés avec
Emmanuel Macron
Et le pire c'est que cette fois ce retraité n'est
pas un acteur. Le Papa d'un député de la République en marche qui a Alzeimer ?
Un AVC. Certains qu'il regarde BFMTV en boucle.
Une honte!!!!
JB – En raccourci,
quels seraient selon vous les objectifs à atteindre par les GJ ?
C’est
assez simple. C’est évident même. Au-delà du pouvoir d’achat et des fins de
mois difficiles, il faut un changement radical de paradigme sociétal, autrement
dit replacer l’homme, les hommes (il s’agit du genre humain évidemment) au
centre du projet sociétal et économique. Se préoccuper d’abord et avant tout
des intérêts vitaux, primordiaux ou élémentaires de la communauté nationale.
Encore que cette notion n’ait plus aucun sens pour nos élites dirigeantes…
enfin les groupes et catégories qui se flattent de constituer l’élite eu égard
à leur bonne insertion dans le système, leur congruence avec la matrice de
l’économie mondialisée et leur adhésion totale, leur fusion, avec l’idéologie
ad hoc.
L’idée
de servir l’homme plutôt que la machinerie économique est évidemment une idée
subversive dans le contexte actuel. Mettre l’économie et les politiques au
service de l’homme, voici ce qui est assurément inenvisageable pour Mr. Macron
& Cie. Parce que pour paraphraser un distingué économiste, je puis dire à
mon tour qu’il faut mettre impérativement un terme au pouvoir des oligarchies
financières qu’incarne justement Macron aux yeux de la France profonde. Celle
qui travaille et produit de la richesse tangible, loin des services de pure
consommation, soit l’économie des besoins artificiels non nécessaires. Les GJ
sont t une réaction populaire forte dans un pays où la gauche a depuis
longtemps trahi le peuple (les syndicats ont essentiellement recruté leur
clientèle dans la Troisième France, celle des migrants, passant de l’internationalisme
prolétarien au cosmopolitisme, polychromie obligée qui constitue le fer de
lance de la conquête des peuples par l’anarcho-capitalisme), tandis que la
Droite, elle, a trahi la Nation. Sans commentaire.
Les GJ sont de ce point de
vue une révolte contre des élites renégates et apostates.
Bref,
Macron n’a été élu que pour formater, plier la France et les Français aux
normes du néo-capitalisme international, et c’est bien ce contre quoi la France
populaire (mais pas seulement) s’insurge à présent. Cela se traduit par une
réaction immédiate de puissant refus de voir ou de laisser le pays s’aligner
sur les critères, les modes déjantées et les exigences exorbitantes du bon
sens, imposés par l’économie financiarisée, dématérialisée… et de plus en plus
réglée par des robots et leurs algorithmes désincarnés. Il faudrait avoir du
caca dans les yeux pour ne pas voir que cela signifie non seulement la fin de
notre modèle social, mais pire encore, la mort de la nation, de notre culture,
de nos patrimoines héréditaires, voués à l’abâtardissement. En un mot, la fin
de notre histoire.
Exit
la France et les Français qui deviennent peu à peu des bipèdes interchangeables
avec n’importe quel autre producteur/consommateur au sein de la termitière
humaine… que l’on nous présente d’ores et déjà comme la forme la plus achevée
du paradis terrestre. Ceux qui y seront nés et auront grandi dans cette prison
mentale, ne connaissant rien du monde d’antan, en viendront sans doute, une
fois leurs instincts primitifs assoupis ou éteints, à se faire les défenseurs
fanatiques du Meilleur des Monde qui s’avance désormais à grands pas… Avec la
PMA et la GPA, quelle drôle d’idée se diront-ils que naguère il ait été pour se
reproduire, nécessaire ou désirable de rapprocher des sexes différents.
D’ailleurs la notion de sexe aura certainement elle-même été effacée de nos
esprits.
Or
c’est bien l’effroi non-dit que suscite cette grande mutation qui motive de
façon les GJ. Ceux-ci savent pertinemment – même si c’est obscurément – que
nous sommes promis à la mort sociale après avoir été fiscalement et
économiquement pressés comme des citons issus d’une économie non durable. Et
puis, la transition écologique aidant, sous la pression terroriste du
changement climatique et des oukases mondialistes qui l’accompagnent, tous les
ingrédients sont réunis pour une mise à mort plus ou moins douloureuse de la
France d’en bas devenue inutile dans le monde de demain !
JB – Alors que peut-on encore espérer ? Les GJ n’ont-ils pas été
qu’un simple feu de brousse, n’est-il pas en train de s’éteindre ?
Sans
doute pas. Le XVe acte a montré une détermination qui, contrairement à ce qu’en
disent mesdames et messieurs les journaleux, ne s’essouffle pas. Chacun d’entre
nous sait que les statistiques sont minorées ou exagérées suivant les besoins.
Ainsi, mardi 20 février, place de la République à Paris, la foule des tenants
d’Israël ne paraissait immense, dense et compacte qu’à travers l’œil des
caméras [FranceCulture24fév19].
Une
remarque concernant les incidents de Clermont-Ferrand qui a été le théâtre de
quatre heures de petite guérilla urbaine… avec, apparemment, la complicité
active et objective des forces de l’ordre. Un désordre qui en effet s’est
développé de façon tout à fait étrange… pour ainsi dire “volontaire” de la part
de personnels qui n’obéissent qu’à des ordres précis, exprès, émanant de leurs
postes de commandement, ceux-ci relayant les instructions reçues de la place
Beauvau via les préfets. Un réflexe conspirationniste – au demeurant bien
inspiré – nous fait noter que dans cette ville les violences ont été provoquées
par des tirs intempestifs de lacrymogènes quand les manifestants ont commencé à
se rapprocher du palais de justice. Les samedis précédents, pourtant signalés
comme comportant plus de risques, les autorités de s’étaient pas émus de les
voir parvenir jusqu’aux grilles du palais sans réagir et sans incident.
Pourquoi alors, cette fois-ci, une violente action préventive ? Pour
susciter délibérément de la casse et enfoncer le clou d’une réprobation
croissante de la part de l’opinion envers les déprédations en tous genres et
des scènes d’émeutes ? Pour démontrer la détermination du gouvernement à
réprimer fermement tous écarts commis ou non encore exécutés ? Sont
parfois, à l’heure actuelle, interpellés des quidam sur la simple présomption
d’intention de commission d’actes réputés délictueux ! À ce titre tous les
GJ deviennent suspects d'être des casseurs en puissance… mais rarement ceux qui
endossent effectivement un gilet jaune pour se mêler au manifestant et donner
libre cours à leur brutalité et/ou à leur frénésie de rapine.
Clermont-Ferrand : des incidents lors de l’acte 15
des Gilets jaunes
5 à 10.000 personnes
Pour aller au bout de mon
propos, il serait temps d’évoquer l’exceptionnelle faculté de mensonge et
l’extrême facilité à tromper de M. Macron. Cela au profit d’un système dont
l’échec est à peu prés assuré à moyen terme (pensons à la montée des populismes
à travers la planète)… un ordre social et mondial qu’il sert néanmoins avec un
certain talent de batteur d’estrade. À ce sujet, voici ce qu’écrivait, André
Tardieu (1876/1945), à l’époque où il fut trois fois Président du Conseil des
ministres, entre novembre 1929 et mai 1932. Fin connaisseur de la démocratie
parlementaire et de ses dessous peu ragoûtants, il représente pour nous, au
XXIe siècle une sorte de grand témoin quant à l’insolente continuité et
pérennité des turpitudes républicaines… « La France vit dans le mensonge…
Mensonge quand on lui dit
qu’une voix vaut une voix car la valeur des voix varie d’une circonscription à
l’autre.
Mensonge quand
on lui affirme que la loi exprime la volonté générale car la loi est votée par
des chambres qui, élues par le quart de la nation, ne représentent même pas la
majorité de ce quart.
Mensonge quand on lui
parle de Liberté et d’Égalité, car la France vit sous le régime de
l’arbitraire, de la faveur et de la recommandation.
Mensonge quand on lui
affirme la souveraineté de la représentation, car à tout instant le régime
représentatif en se substituant des décrets lois, démissionne et
disparaît.
Voilà que cent cinquante ans que l’on se
moque du peuple »
JB – Finalement, face à la légalité démocratique que peuvent opposer
les GJ ?
La
répression régulière et progressive qui s’est abattue sur les gilets jaunes ne
peut en fin de compte que provoquer le durcissement et la radicalisation
d’hommes et de femmes qui comprennent parfaitement qu’ils sont menés en bateau
et que leurs justes demandes sont destinées à rester lettre morte. Les
médiocres amortisseurs de la Démocratie représentative ne fonctionnant plus, ne
demeure qu’une seule option, la violence qui, d’inévitable pourrait devenir de
facto légitime. Le Gouvernement ne l’ignore pas et craint cette issue… À moins
disent quelques méchants esprits qu’il ne la recherche afin de crever l’abcès
et de le vider pour longtemps. Toutes les interprétations sont au moment
présent, permises.
Or
le droit à l’insurrection se trouve inscrit au cœur de notre loi
fondamentale… tel qu’en disposent nos différentes Constitutions… À
commencer par la « Déclaration des droits de l’homme et du citoyen »
du 26 août 1789, texte fondateur de la démocratie moderne :
Art. 2. Le but de
toute association politique est la conservation des droits naturels et
imprescriptibles de l’Homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la
sûreté, et la résistance à l’oppression.
La Constitution du 24 juin 1793 en son Article 9 prévoit de son côté que
La loi doit protéger la liberté publique et individuelle contre l’oppression de
ceux qui gouvernent.
Article 33. La résistance
à l’oppression est la conséquence des autres Droits de l’homme.
Article 34. Il y a
oppression contre le corps social lorsqu’un seul de ses membres est opprimé. Il
y a oppression contre chaque membre lorsque le corps social est opprimé.
Article 35. Quand le
gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est, pour le peuple et
pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus
indispensable des devoirs.
Et
puis rappelons les paroles de Saint Thomas d’Aquin (1224/1274), théologien et
théoricien de la civilisation chrétienne à l’Âge moderne : « L’élimination
physique de la Bête est bien vue par Dieu si grâce à elle on libère un
peuple ». Qu’on se le dise !
*
« La guerre civile froide. La théogonie républicaine de Robespierre à
Macron » octobre 2017 éditions le Retour aux sources ;
« L’Imposture ou la
déconstruction de l’État souverain » mai 2018 Kontre Kulture ;
« En l’An 68…
Trublions, enragés & messianiques ouvrent le bal du Diable sous l’enseigne
de la postmodernité » août 2018 Sigest.
Source : medias-presse.info
----------------------------
*Pourquoi venir à la 3ème fête du Pays Réel ?
Civitas vous invite à la
3ème Fête du Pays Réel qui se déroulera le 30 mars 2019 à l'espace Jean Monnet
à Rungis, de 9h à 18h.