++17/10 - RÉVÉLATIONS SUR LA SECONDE GUERRE MONDIALE.
LA
TRAHISON MILITAIRE FRANÇAISE.

Christian
Greiner:
1-
Concernant les capacités de l’armée allemande au moment de la déclaration de
guerre :
Extrait: « Même en tenant compte du réarmement
secret qui commença en Russie, suite aux accords secrets établis en 1923 en
marge du traité de Rapallo, jamais le IIIe Reich nazi, au regard de l’état de
ses finances, n’a pu reconstituer, au cours des quatre courtes années de son
réarmement, une armée en mesure de défier le monde en 1939. Pour illustrer ce
fait, l’historien révisionniste Karl Heintz Frieser, dans l’introduction de son
livre « Le mythe de la guerre éclair », nous dit :
« Ainsi, au début de la guerre, beaucoup de territoriaux ne possédaient ni
casque, ni bottes, ni masque à gaz, ni gamelle. On n’avait même pas pu fournir
d’uniformes à certains d’entre eux, si bien qu’ils n’étaient reconnaissables
comme soldats, que grâce à un brassard portant l’inscription « Deutsche
Wehrmacht ». (-) la troupe d’active ne comptait que 730.000 hommes, donc moins
d’un cinquième du total de l’armée. » Fin de citation
(Karl Heintz Frieser page 38 )
Image frappante, qu’il convient bien sûr de
développer : En septembre 1939, au moment où le conflit débute, la toute
jeune armée allemande ne compte que 19 400 officiers et un de ses principaux
organisateurs, le général Mueller-Hillebrand, estime que « dans le meilleur des
cas, la Wehrmacht ne pourrait être prête qu’en 1943 ».
A l’inverse, les Alliés ont toutes les raisons de
penser que leur formidable poids économique déciderait de la victoire,
puisqu’en mai 1939, selon le général Thomas en charge du réarmement,
l’Allemagne allait y consacrer 3 % de son revenu national, la France 17%, la
Grande-Bretagne 12 %. Nous verrons plus loin et en détail, que le programme de
réarmement allemand est pratiquement stoppé et que, dès le printemps, la
production britannique d’avions aura rattrapé celle de l’Allemagne en quantité
et en qualité, tandis que celle de la France la dépassera en septembre 1939.
En outre, même si à la même date les États-Unis ne
participaient qu’à hauteur de 2%, leur immense capacité industrielle, leur
engagement quasi certain auprès des Alliés, laissaient prévoir une écrasante
supériorité en termes de matériel. Enfin les avancées techniques avaient
gommé l’avantage acquis par l’Allemagne au début des années trente, notamment en
ce qui concernait l’aviation.
En deux mots, l’armée allemande devait toute sa
puissance à une propagande bien orchestrée, mais dont les mensonges étaient
parfaitement connus des services secrets alliés. Eux savaient avoir affaire à
une armée de façade. Ce qui nous permet de penser qu’Hitler était parfaitement
averti du fait qu’il n’avait pas la moindre chance de vaincre au cours d’une
guerre longue. D’ailleurs, en septembre 1939, alors qu’il menaçait la Pologne,
il n’avait aucun plan dans l’éventualité d’une guerre contre les Alliés.
Et pourtant, selon la thèse officielle, le Reich
n’hésita pas à la provoquer. (-)
Pourtant, personne ne songe plus aujourd’hui à
rappeler ces données élémentaires, hormis quelques historiens économistes comme
Adam Tooze, qui écrit en 2002 : « L’économie allemande n’était tout
simplement pas assez vigoureuse pour créer la force militaire qui lui
permettrait de terrasser tous ses voisins européens en même temps, y compris la
Grande-Bretagne et l’Union soviétique, sans parler des États-Unis. (-) Et si
les victoires de l’armée allemande en 1940 et 1941 furent bel et bien
spectaculaires, elles furent peu concluantes. Ainsi en arrivons-nous à la
conclusion réellement vertigineuse qu’Hitler lança la guerre en septembre 1939
sans plan cohérent pour vaincre son principal antagoniste : l’Empire
britannique. Pourquoi Hitler prit il ce risque épique ? Telle est assurément la
question fondamentale. Même si l’on peut rationaliser la conquête de l’espace
vital en y voyant un acte d’impérialisme, même si l’on peut créditer le
troisième Reich d’un remarquable effort de mobilisation de ses ressources pour
combattre; même si des soldats allemands se battirent vaillamment, la conduite
de la guerre par Hitler impliquait des risques si grands, qu’elle défie toute
rationalisation en termes d’intérêt pragmatique. »
( Adam Tooze Le salaire de la
destruction pages 22 et 23)
Fin de citation
Voilà pour ce qui concerne la prétendue supériorité
des armées du Reich.
Abordons maintenant l’un des principaux « mystères »
de cette bataille :
L’aveuglement du haut commandement français.
2- Les
Services de renseignements français parfaitement informés à la veille de la
bataille
En effet, contrairement à ce que prétend la version
officielle, les Services de Renseignements français étaient loin d’être
aveugles. Entre la fin de novembre 1939 et la fin de janvier 1940, ils notent
que le nombre de divisions ennemies sur les frontières belge et luxembourgeoise
passe de 25 à 57.
En mars 1940, 7 divisions blindées sont repérées
face à la frontière, le déploiement des troupes indique clairement que la
principale poussée ennemie s’exercera au centre du front, approximativement
entre Sedan et Namur, à la charnière des IIe et IXe armées.
Outre ces renseignements clairs, les SR disposent de
bien d’autres informations de première main :
Dès janvier 1940,
le général Gamelin, commandant en chef des troupes alliées, est prévenu par ses
contacts militaires belges, que les forces du Reich vont attaquer dans les
Ardennes.
Le 1er février le
poste de Berne, qui maintient des contacts discrets avec le SR helvétique
exploitant le réseau Roessler, signale que « l’état-major suisse est
convaincu que l’Allemagne va, d’ici quelques semaines, attaquer la Belgique et
la Hollande ». Informations corroborée par tous les « grands
agents », sans exception.
Le 2, la source ” A ” situe cette offensive
au printemps. Le même jour, le poste de La Haye recueille une information
analogue, restreignant cependant l’attaque allemande au territoire hollandais,
mais l’assortissant de raids aériens massifs sur l’Angleterre. Information
juste, nous sommes quelques jours AVANT l’adoption du plan Manstein.
Le 27 février, la source ” T ”
informe de vive voix son correspondant français à Budapest: « Les
atermoiements successifs depuis novembre dernier ont été la conséquence d’une
opposition larvée des généraux allemands à la volonté, maintes fois réitérée,
d’Hitler d’en finir à l’ouest. Celui-ci est toujours fermement décidé à
attaquer simultanément la Belgique, la Hollande et la France. En même temps, la
Luftwaffe écrasera l’Angleterre par des bombardements massifs. En attendant,
son objectif immédiat réside dans la mainmise sur le Danemark et la Suède, afin
d’interdire aux alliés les accès de la Baltique, d’isoler la Suède et d’assurer
ainsi la livraison par ce pays du minerai indispensable à l’industrie de guerre
allemande. » Il s’agit très exactement du plan d’attaque général à
l’ouest.
Le 1er mars, Hitler adresse une directive à
ses généraux, concernant la future opération du Danemark, opération conjuguée
avec celle qui sera menée par Falkenhorst contre la Norvège. Bien avant que la
Wehrmacht ne passe aux actes, la Scandinavie, le Danemark, comme la Norvège,
sont avertis par le réseau Roessler. Information là encore confirmée par les
autres agents.
Même le Vatican sera informé par ces généraux
allemands en rébellion.
Le 2 mars, selon les SR français :
« un informateur en situation d’être très bien informé sur les opinions
exprimées dans les milieux du Haut-commandement allemand, fait savoir qu’une
offensive allemande serait imminente sur le front occidental ; elle
comporterait l’invasion de la Belgique et de la Hollande. »
Le 8 mars, les Suisses reçoivent les
grandes lignes du plan définitif d’attaque à l’Ouest par l’entremise du réseau
Roessler. Suite aux précédents renseignements concernant la Pologne ou la
Norvège, la fiabilité des renseignements relayés par le Colonel Masson, chef du
service de renseignement suisse, n’est pas contestable.
Le même jour, le roi Léopold III de Belgique,
également averti par les SR suisses, informe son gouvernement : « par les
Ardennes en direction de Dinant – Saint-Quentin, dans le dessein de couper
Paris, des armées alliées en Belgique et de les encercler dans le Pas de Calais ».
Le 10 mars 1940, le colonel Delvoie,
attaché militaire belge, reçoit du réseau de Roessler les toutes dernières
mesures du plan Manstein (Fall Gelb N°4), adopté trois jours plus tôt par
Hitler, avec tous ses détails: Il y est spécifié que : « l’offensive
allemande sera dirigée sur la Meuse, entre Charleville et Sedan. La
percée sera effectuée à travers les Ardennes, pendant que le gros de l’armée
allemande fixera l’essentiel des forces françaises, belges et britanniques sur
la frontière belge. Les chars du général Heinz Guderian exécuteront la percée à
Sedan, puis pivoteront en un gigantesque coup de faucille, en direction de la
basse Somme. Ils s’efforceront de parvenir à la mer, espérant prendre au piège
le gros des armées alliées. »
Le 13 mars, le même Delvoie reçoit du
général van Overstraeten, conseiller militaire du Roi, l’ordre de transmettre
officiellement cette information à l’état-major du Général Georges, commandant
en chef des armées du Nord et au QG du général Gamelin, commandant en chef des
armées alliées, à Vincennes.
Il spécifie également que « selon toutes les
données recueillies, l’axe principal de la manœuvre adverse était orienté
perpendiculairement au front Longwy-Givet. »
Dans le même mois de mars 1940, le génie
allemand commence à jeter sur le Rhin, entre Bonn et Bingen, huit ponts de
bateaux. Ces ponts sont photographiés par Antoine de Saint Exupéry en mission
d’observation au-dessus de l’Allemagne à bord de son Bloch 141.
Comme le dit Shirer qui a relevé ces faits :
« Tant de pontons dans le secteur indiquait clairement l’endroit où
l’ennemi avait l’intention de frapper le plus fort avec ses blindés et ses
troupes motorisées. L’indication devint plus claire encore quelques jours
après, quand plusieurs autres ponts semblables furent jetés sur la Moselle et
l’Ohr, à la frontière du Luxembourg sans défense, où une véritable panique
s’ensuivit. »
Parallèlement, un rapport de René Marty, officier
d’état-major au QG de Gamelin, chargé depuis janvier d’étudier les conditions
d’arrivée des forces allemandes sur la Meuse, concluait que la percée
serait effective en 48 heures. Le rapport n’est pas pris en
considération, officiellement : « Pour ne pas démoraliser les
troupes ».
Le 16 mars l’agent A 54 des SR tchécoslovaques,
qui a déjà averti des attaques contre Prague, la Pologne, puis la Norvège,
confirme qu’Hitler a décidé de violer la neutralité de la Hollande et la
Belgique, pour attaquer la France et l’Angleterre.
Le 3 Avril, le colonel Goethals transmet
aux SR belges une nouvelle information en provenance du colonel Oster,
commandant l’Abwehr de Berlin (Services de Renseignements de l’armée allemande).
Celui-ci informe les alliés depuis des mois, et a affirmé : « Il est
faux de croire qu’il ne se passera rien au front ouest. J’ai la profonde
conviction que cela se déclenchera bientôt. Je ne puis fixer de date, mais mon
impression personnelle est que le 15 avril pourrait être le début d’une action
offensive, menée d’abord contre le Danemark en direction de la Norvège et trois
ou quatre jours plus tard devant la Belgique et la Hollande. Je répète que je
suis absolument convaincu d’une offensive à l’ouest. »
11 avril : « Opérations
imminentes à l’ouest, attention aux mouvements militaires des prochains
jours. »
12 avril : Le capitaine Paul
Paillole du 2e Bureau, est averti par un de ses agents double Schlochoff,
qui travaille également pour l’Abwehr, que ces services viennent de lui confier
la mission de relever sur l’axe Sedan, Charleville, Saint-Quentin, Amiens, la
largeur des cours d’eau, l’état des berges, la force portante des ponts et
d’identifier les troupes françaises sur place, ainsi que les dépôts d’essence.
Il s’agit très exactement de l’axe d’attaque décrit par Roessler et les autres
informateurs.
Le 13 avril le roi Léopold III de
Belgique insiste et demande à son conseiller militaire, le général van
Overstraeten, de confirmer à l’attaché militaire Français, le colonel
Hautcoeur, que selon les renseignements fournis par ses SR, la tactique
d’Hitler sera « d’aspirer les franco-britanniques en Belgique avec
le dessein de les écraser par une riposte enveloppante, débouchant du
grand-duché du Luxembourg. » Information transmise par Hautcoeur le
lendemain.
Le 18 Avril le colonel Gauché, patron
du 2e Bureau français en charge de rassembler et synthétiser les
renseignements, confirme : « une excellente source diplomatique
rapporte les entretiens qu’un informateur a eu avec différents chefs militaires
allemands : Hitler a ordonné d’attaquer prochainement la Hollande et la ligne
Maginot. Cette action serait conjuguée avec une action contre la Suède.
– A la même date, une
haute personnalité politique allemande de la République de Weimar déclare que
le commandement allemand se disposerait à attaquer la Hollande.
– Une source sûre fait savoir que le gouvernement
hollandais aurait été avisé le 5 mai par
une très haute personnalité neutre qu’une attaque allemande était à craindre à
bref délai.
– La même source signale qu’un informateur, qui
avait déjà annoncé l’invasion du Danemark , fait savoir que l’attaque contre la
Belgique, la Hollande et le front Ouest était à prévoir dès le 8 au matin (Mai) en cas de beau
temps et, dans le cas contraire, dans un délai de quelques jours. » (Je
précise qu’il s’agit de Roessler)
Fin de citation (Colonel Gauché le 2e Bureau
au travail)
20 Avril : « Le personnel du
SR allemand abandonne ses lieux de stationnement en Belgique »
Un autre ex-chef des SR français, le général Navarre
écrit dans ses Mémoires : « A partir du
début avril, le rythme des construction de ponts et
d’embarcadères sur la Moselle et sur le Rhin, des mouvements de forces blindées
s’accélère, on nous signale la distribution de cartes du Luxembourg et de la
Belgique, l’augmentation de certains dépôts à l’ouest du Rhin, la réduction du
trafic civil sur les voies ferrées conduisant vers l’ouest, le retrait des
avions allemands en Hollande, la préparation des points de passages sur l’Oure
et sur la Sure, le replis des antennes du SR allemand opérant en Belgique et en
Hollande. »
Fin de citation (Général Navarre Le service de
renseignement page 108)
A la même époque un autre bulletin de renseignement
précise : « Des questionnaires remis à plusieurs agents, soit
directement manipulés par Paris, soit par les postes, portent essentiellement
sur la zone comprise entre Sedan et Dunkerque. Les postes Abwehr 1 de Munster
et de Stuttgart s’intéressent avec insistance à tous les détails topographiques
et militaires de cette zone : Longueur des cours d’eau, capacité des ponts,
état des routes, obstacles etc… Les agents chargés de cette prospection doivent
fournir les éléments de réponse avant le 15 avril.
Outre les dispositions du Plan Manstein, que
les SR connaissent maintenant, sans grande crainte de se tromper, nous voici
donc devant le second problème posé aux Services de Renseignements
français : La date de l’attaque. Rappelons qu’elle se produira le 10 mai à
l’aube. Sachant que la thèse officielle affirme que les SR seront jusqu’à la
dernière minute incapable de la prévoir, voyons ce qu’il en fut
réellement :
Le 30 Avril l’attaché militaire
français en Suisse le commandant Gaston Pourchot, reçoit l’information suivante
des SR Suisses, (donc de Roessler) une source qu’il qualifie lui-même de
« parfaitement autorisée et de 1ère main » : « L’Allemagne
attaquera entre le 8 et le 10 mai.
Stop. Axe principal effort, Sedan. Stop. Occupation prévue de la Hollande et de
la Belgique, du nord de la France en 10 jours. Stop. Occupation totale de la
France en un mois. Stop. Fin » Vu l’importance de l’information, il
se rend à Paris en personne pour la communiquer à l’Etat-major et au Ministre
des Affaires étrangères, donc à Paul Reynaud, qui cumule cette charge avec
celle de Président du Conseil, depuis le 21 mars 1940.
Le 1er mai, un nouveau renseignement est
fourni par Roessler : « attaque le 10 mai 1940, dans la trouée de Sedan. 50
divisions sont massées le long des frontières belges et hollandaises. »
Le même 1er mai, l’agent A 54, qualifié
par les Alliés de source parfaitement sûre, transmet la même information à son
contact à la Haye: Attaque sur la Hollande le 10 mai. L’information est portée
à la connaissance des autorités intéressées. Grâce à ce télégramme, la famille
royale et le gouvernement hollandais ne seront pas pris au dépourvu et pourront
quitter le pays à temps.
– Les nombreux observateurs sur le terrain
confirment de toute part. Le Colonel Gauché témoigne dans son livre : « Au
cours de la seconde quinzaine d’avril et au début de mai, les renseignements,
par leur caractère alarmant, vont se faire de plus en plus pressants à
l’approche des belles journées du printemps. »
En effet, dès le 1er mai, des
concentrations de troupes au nord de la Moselle, face au Limbourg hollandais, à
la Belgique, au Luxembourg sont notés par le renseignement français.
– Le même jour, à la légation de Suède à
Belgrade, l’attaché militaire allemand déclare, au cours d’une réception bien
arrosée, que l’offensive est proche, qu’elle sera foudroyante et que Paris
tombera le 15 Juin. Il ne se sera trompé que de vingt-quatre
heures !
Le 2 mai, le capitaine Paul Paillole des
Services de Contre-espionnage témoigne : « L’imminence d’une
offensive allemande est apparue aux Anglais. Une réunion des chefs de service
des deuxième et cinquième bureaux français et britannique a lieu à l’ambassade
d’Angleterre. Nos informations sont confrontées avec celle de nos alliés. Les
liaisons sont encore renforcées. (-) Les services de Bertrand (grâce à la
machine Enigma ) révèle chaque jour la préparation d’attaques aériennes sur nos
terrains d’aviation. Le 6 mai l’antenne du S. R. Allemand de Stuttgart installé
au Luxembourg se replie. Les 7 et 8, tout confirme les dispositions offensives
de la Wehrmacht. »
Sachant que les renseignements transmis par Roessler
ont également été communiqués aux Anglais, nous avons confirmation ici que leur
importance n’avait échappée à aucun des Alliés…
Le 5 mai, Mgr Maglione secrétaire d’Etat
du Pape, adresse un télégramme chiffré aux nonces de Bruxelles et de La Haye,
annonçant une offensive prochaine sur la Hollande et la Belgique, ce dont les
souverains sont avertis. La même information est confirmée par
l’ambassadeur de Belgique au Vatican qui informe Bruxelles
téléphoniquement. Toutes ces informations proviennent des généraux
allemands démocrates.
– Le même jour,
le vice-amiral Abrial qui commande la flotte Nord est averti par l’attaché
naval en Hollande. Il transmet l’information au GQG, qui ne donne aucune suite.
Préventivement et de sa propre initiative, il ordonne alors l’embarquement de
troupes dans le cadre de la variante Breda, prévoyant d’amener des troupes
alliées au secours de la Hollande.
Le général Giraud, qui commande la VII° armée et
premier concerné par le plan Breda, est également informé par Abrial, mais ne
fait rien.
Les 4, 5 et 8 mai, le Grand Quartier Général à
Vincennes, ainsi que les chefs des deuxième et cinquième bureaux de
l’état-major du général Georges, reçoivent de Roessler de nouveaux
renseignements confirmant l’imminence de la percée à Sedan et du coup de
faucille en direction de la mer du Nord.
D’autre part, « Une source sûre » fait
savoir que le gouvernement hollandais a été avisé le 5 mai, par une
très haute personnalité neutre, qu’une attaque allemande était à craindre à
bref délai.
Nuit du 5 au 6 mai : Les SR
français enregistrent : « Prochaine offensive générale, qui englobera
les Pays-Bas. » Dans la même soirée, l’attaché militaire hollandais
à Berlin (Sas) informé par son ami le colonel Oster de l’Abwehr, alerte La
Haye, que « l’invasion est pour demain ». La Hollande prend
des mesures immédiates (ponts minés, permissions supprimées)
Le 6 mai, le colonel Gauché précise que
ses services sont informés que : « L’antenne du SR allemand de
Stuttgart stationnée à Luxembourg se replie. Attaque prête. L’armée
française, dit-on dans les milieux du commandement allemand, sera incapable
d’arrêter les formations blindées en rase campagne ».
– Le même jour,
le commandant Gustave Bertrand, agent du chiffre, en charge de décrypter les
messages les plus secrets de la Luftwaffe, codés par la machine Enigma, avertit
des préparatifs d’attaque sur les aérodromes français.
Le 6 mai, le souverain pontife
lui-même confirme ces renseignements à la princesse Marie-Josée, qui en avise
son frère, le roi Léopold de Belgique.
Le 6 mai en soirée, le colonel Oster
recontacte son ami Sas, attaché militaire hollandais à Berlin et lui dit que la
date prévue pour l’attaque est le 8 mai. Celui-ci informe comme d’habitude
l’Etat-major hollandais et le général Goethals, attaché militaire belge à
Berlin.
Le 7 mai à Bruxelles le nonce
apostolique transmet au roi Léopold le message suivant en provenance du
cardinal Maglione, secrétaire d’Etat du Pape Pie XII : « L’attaque
de la Belgique par l’Allemagne serait imminente. » Rappelons que le
Vatican possède le meilleur service de renseignements du monde, que le pape
recueille personnellement depuis des mois par l’entremise des généraux
allemands dissidents d’innombrables renseignements en ce sens.
Le 7 mai à Paris, dans la salle de
conférence du Luxembourg, l’ex-président du Conseil, Pierre Laval, très
entouré, parle de l’imminence de l’attaque allemande. Notons ici que M. Laval,
que nous retrouverons bien des fois au cours de cette enquête, semble
parfaitement informé de la situation, même si dans la version officielle tous
ses braves gens se trouveront très « surpris » au matin du 10
mai…
– A 15h15,
on supprime les permissions dans l’armée néerlandaise.
– Dans la soirée,
Oster informe son ami que « l’affaire est remise à plusieurs jours ».
Le major Sas transmet immédiatement aux GQG hollandais et belges. Le même jour,
les agents français au Luxembourg communiquent les objectifs exacts des
parachutistes allemands.
– Les officiers de reconnaissance belges sont
mis en pré-alerte. Chaque soir, on ferme les dispositifs d’obstruction, et un
certain nombre de dispositifs de destruction sont amorcés.
Le 8 mai 1940, nous sommes deux
jours avant l’attaque, à midi, le général Delvoie téléphone de Paris à la 2e section
belge pour annoncer : « On croit à une attaque possible à bref délai sur
le front : Grand-Duché, Belgique, Hollande. Recoupement par ambassade. »
Plutôt étonnant ce message sibyllin au vu de la
masse d’information à la disposition des SR français depuis avril… Apparemment
la seule communication d’alerte officiellement enregistrée provenant du GQG
français en direction de ses alliés belges, concernant l’éventualité d’une
attaque en mai 1940.
– Le même jour,
le colonel Oster, annonce au major Sas le départ du Führer pour l’Ouest, en ces
termes: « Le cochon est parti pour le front ».
– L’ambassadeur français au Vatican,
Charles Roux, recueille le renseignement suivant : « Avant la
fin de la semaine, les forces du Reich envahiront la Belgique, la Hollande et
peut-être la Suisse. L’invasion de la Suisse n’est qu’hypothétique, mais les
autres sont annoncées de source sûre. » Dans ses souvenirs, il
témoigne avoir télégraphié à Paris : « Mon télégramme dût être à
Paris dans la journée du 8. Je ne doute pas qu’il ait été communiqué au G.Q.G.
de Vincennes, qui devait, du reste, être en possession d’indices
concordants. »
– Le vicomte Jacques Davignon, ambassadeur de
Belgique à Berlin, informe son gouvernement que les Allemands sont en train de
rédiger l’ultimatum en forme d’acte d’accusation qu’ils ont décidé d’adresser
au Roi, – afin d’établir un semblant de légitimité à leur action – et que
l’ordre d’attaquer à l’ouest vient d’être donné par l’OKW.
Toujours, le 8 mai l’alerte générale est
déclenchée à 23h15 en Belgique. La France et la Grande-Bretagne en sont
informés. Les observations aériennes des Alliés indiquent que de nombreux
blindés et des troupes allemandes s’acheminent en direction du massif
ardennais. Il s’agit de la moitié de l’armée allemande, soit des centaines de
milliers d’hommes, de chevaux et de véhicules.
Dans la foulée, le bulletin du 2e Bureau
informe Gamelin : Alerte en Hollande, suppression des permissions, rappel
des permissionnaires, accentuation des mesures de mobilisation.
La radio commente largement la nouvelle et une
dépêche de l’agence Havas signale que le président Roosevelt est rentré de Hyde
Park plus tôt qu’il n’était prévu, « parce que la situation en Europe lui
causait de l’inquiétude. »
Le 9 mai à Bruxelles, après
information fournie par un journaliste allemand, le directeur du service de
presse du ministère des Affaires étrangères fait vérifier par la police que
l’ambassade d’Allemagne est bien en train de détruire par le feu tous les
dossiers. L’informateur, a précisé que « Cela commence demain à 5
heures. (-) je ne veux pas être dans le bain. » Il a pris le train pour
Aix la Chapelle dans l’après-midi.
– Au cours de la journée alors que l’amiral
français Abrial embarque la 68e division qui doit occuper les îles de Walcheren
et de sud-Beveland en Hollande, un observateur clandestin avertit Longwy de la
mise en place de matériel de franchissement sur le Rhin.
Le même jour, le dernier message de Roessler
et de ses amis officiers est transmis au GQG de Vincennes: « Attaque le 10
mai, dans la trouée de Sedan. Plan jaune maintenu. Cinquante divisions massées
le long des frontières belges et hollandaises. Guderian et Hoth prêts à foncer
sur Sedan. »
La dépêche se termine par ces mots : « Tenez
bon ! »
– Pour la soirée, le général Ironside, chef
d’état-major impérial de l’armée britannique, note dans son agenda personnel
qu’il a reçu bien l’information selon laquelle : « Les Pays-Bas
seront attaqués dans quelques heures par la Wehrmacht. »
Vers 21h, la 2e section des SR
belges reçoit un cryptogramme de Berlin en provenance du colonel
Goethals : « Informateur habituel (c’est-à-dire Oster) : Le Führer a
décidé aujourd’hui après-midi, déclenchement offensive générale sur front
Hollande-Belgique-Luxembourg le 10 mai à l’aube. Un contrordre toujours
possible ne pourra toutefois plus être donné après 21 heures pour raisons
technique. Réserve d’usage. Activité aux abords OKW normale. »
A 22 heures, Oster ressort du Haut
commandement de la Wehrmacht, il retrouve Sas, qui l’attend à
l’extérieur : « Mon cher ami, cette fois, c’est vraiment fini,
il n’y a pas eu de contrordre. »
Information confirmée par le major Sas, à
22H35. Immédiatement les Hollandais et les Belges rappellent la totalité
du personnel de leurs quartiers généraux, et lancent l’alerte générale.
En Belgique vers 22h les observateurs aux
frontières signalent les mouvements de troupes, révélateurs de l’imminence de
l’agression. Le même soir, le représentant du Service de Renseignement
français à la Haye reçoit communication du même renseignement « L’attaque
aurait lieu dans la nuit. Objectif, la Hollande et Sedan ». Il informe son
gouvernement que « l’invasion est pour demain ».
9 mai, 22 heure Les ministres belges se
réunissent d’urgence et s’interrogent : Faut-il appeler immédiatement à
l’aide la France et la Grande-Bretagne ? Finalement, ils décident
d’attendre.
Ce qui est compréhensible, ils ont donné l’alerte à
leurs alliés, on n’en est plus à quelques heures près. Autant laisser Hitler
commettre la faute d’attaquer deux pays neutres.
A 22h 20, l’ambassadeur de France au
Luxembourg est prévenu de l’imminence de l’attaque « à quatre heure du
matin ». La Grande Duchesse et sa cour font leurs bagages pour venir se
réfugier en France.
A 22h30, le 3e Régiment de Chasseurs Ardennais
passe en état d’alerte.
A 23h45, « POLUX », une antenne des SR
français signale au Bureau central de la circulation, du capitaine Kleinman à
Longwy : « d’importants mouvements de troupes allemandes à la frontière
germano-luxembourgeoise à Palzem ».
Le général Navarre témoigne que « Dans la nuit
du 9 au 10 mai, les réseaux d’alerte, (composés de postes radios confiés à des
sympathisants et à des gendarmes luxembourgeois) mis en place par le SR à la
frontière germano-luxembourgeoise, se manifestèrent à partir de 23h 45.
L’alerte fut également donnée par les antennes de
Lorraine de Belgique et de Hollande »
A 23h30 aux Pays-Bas, la reine Wilhelmine
et toute sa famille, descendent dans l’abri souterrain du palais royal, dans le
même temps la marine et l’armée néerlandaise sont mises en état d’alerte et les
destructions programmées.
En Belgique le 10 mai à 0 heures vingt minutes,
le Grand quartier général donne l’ordre de se tenir prêt à faire jouer les
destructions, et les 750 000 soldats belges sont alertés.
A 0h30, l’ambassadeur de France à Bruxelles, Paul
Bargeton téléphone à Paul Reynaud, qui cumule les charges de ministre des
affaires étrangères et président du Conseil, pour confirmer l’attaque
imminente.
A 1h30, tous les postes de l’armée belge reçoivent
le mot codé : « René ». C’est l’alerte réelle ! Les divers régiments
montent en ligne de la Meuse aux Ardennes, les aéroports sont alertés et le
fort d’Eben-Emaël tire les six coups de canon réglementaires pour confirmer le
branle-bas de combat.
A 0h30, au Luxembourg, l’armée est mise en état
d’alerte. Le ministre de France téléphone lui aussi au Quai d’Orsay.
A 2h50 du matin, la Grande duchesse de
Luxembourg et son mari quittent la capitale et se dirigent vers la frontière
française. C’est la route de l’exil, et de la résistance.
Le 10 mai 1940, à 3h du matin, l’action allemande se
déclenche. Tandis que les parachutistes s’apprêtent à sauter sur leurs
objectifs, les avions s’envolent pour aller bombarder les aérodromes alliés.
La France attend sereinement un choc inévitable
En ces premiers jours de mai 1940, les tankers
américains débarquent encore des tonnes de pétrole dans les ports français, les
grandes raffineries tournent à plein régime, les réservoirs stratégiques
construits spécialement sont pleins à ras bord, tout comme les dépôts
d’approvisionnements et d’armement. Les millions d’hommes qui attendent dans
leurs casernes, même si on les a contraints à se tourner les pouces depuis huit
mois, savent que l’issue est proche et l’attendent avec une impatience partagée
par toute la population : « Qu’on en finisse une bonne fois pour
toute ! » On retrouve la même détermination dans les usines qui
tournent à plein rendement. La main de fer du président Daladier a fait taire
toute contestation, éliminé toute menace de sabotage, ou de coup d’état civil,
en s’attaquant au noyau dur formé par les chefs communistes aux ordres de
Moscou, mais également aux forces réactionnaires d’ultra droite. Patronat et
syndicats marchent, bon gré-mal gré main dans la main, l’union sacrée est faite.
« Nous vaincrons, parce que nous sommes les
plus forts » proclamait Paul Reynaud le 10 septembre 1939, alors qu’en
tant que ministre de l’économie, il venait de relever les finances de la
France. Les réserves d’or sont suffisantes pour payer les armes commandées à
l’étranger et assurer la production nationale, Edouard Daladier a confié à
Raoul Dautry la mission de terminer le réarmement. Au 10 mai, chars, canons et
avions sortent chaque jour par dizaines des usines réparties sur tout le
territoire.
La France est prête, et attend l’ennemi de pied
ferme.
Toute la France ?…
A l’exception de l’armée française au grand complet,
qui dort…
Officiellement, à Paris, il n’y a pas lieu de
s’attendre à une attaque. Maurice Gamelin, généralissime des armées alliées, parti
se coucher vers 22h, dort sur ses deux oreilles dans sa forteresse de Vincennes
et le Grand Quartier Général semble avoir été transformé en château de la Belle
au Bois dormant… Non seulement on n’a pas expédié un seul homme, pas un
canon sur la ligne de front pour tenter de combler cette brèche dénoncée depuis
des mois, mais tout le monde est en vacances !
C’est le weekend de Pentecôte et les permissions,
logiquement suspendues le 14 avril, ont été rétablies le 26. Dans
certaines unités jusqu’à 15 % de l’effectif sont tranquillement en famille !
Les généraux Prételat et Billotte, responsables du front de Dunkerque à
l’Alsace, le général Besson qui commande le 3e Groupe d’Armées stationné
en Alsace du Sud, ainsi que le général Bourret qui commande la 5e Armée en
Alsace du nord, sont absents. Sur les 94 divisions françaises du front
Nord-Est, 78 n’ont plus de chefs !
Absence de commandement qui n’a pas été sans
inquiéter les Services Secrets. Mais le 9 mai, à l’état-major de l’Armée à
Paris, lorsque le commandant Baril, du 2e bureau, suggère au général
Colson, responsable des effectifs, de rappeler les permissionnaires, celui-ci
lui fait cette réponse « surprenante » : « Rappeler les
permissionnaires ? Pour quoi faire ? Ce n’est pas demain qu’ils auront à
se battre ! L’Allemagne se désagrège ! »
(Cité par l’encyclopédie « La France
contemporaine » – 1971)
Tandis que les officiers allemands démocrates de
l’OKH risquent leur vie pour assurer la victoire alliée, le 9 Mai au soir, le
Général Huntziger, premier concerné, est à son QG de Senuc et se prépare à
aller tranquillement inaugurer le « foyer du soldat » à Vouziers.
Le lieutenant-colonel Paquin, chef du 3e Bureau
de son armée doit l’accompagner. Tandis qu’il s’habille, un des hommes de son
service, le capitaine de Lombarès, lui apprend qu’un ingénieur des Ponts et
Chaussés belge, vient de l’informer que l’attaque allemande est attendue pour
le lendemain à l’aube. Réponse de Paquin : « Bon, mettez-moi tout
cela par écrit… »
Avant son départ, Huntziger s’arrête au PC du 18e Corps
d’armée à Dun-sur-Meuse et entre au troisième bureau, où veille le commandant
Rollot. Ce soir-là, Rollot note sur son carnet de route : « vers 20 heures, le
Général Huntziger passe à mon bureau. Je lui dis que nos aviateurs ont pris des
photos sur la Sûre, que de multiples passerelles y apparaissent tout récemment
construites. Le général me répond qu’il ne peut s’agir que d’exercices et il
ajoute, un peu vivement : « Les Allemands ne sont pas fous ! Ils ne vont pas
risquer de se mettre en ce moment les 26 divisions belges sur le cul en violant
la Belgique ! »
Puis il emmène son staff à Vouziers, à 50 kilomètres de
Sedan, pour assister, en grande tenue de soirée, au cinéma Stella, à une
représentation du théâtre aux armées : 20 chansons animées, mises en scène
par Xavier de Courville suivies de la comédie : Le mariage forcé, pièce de
Molière en un acte.
Il rejoindra son quartier général à Senuc le 10 mai,
à deux heures du matin.
Quant au général Corap, commandant la IXe armée, il
est à son poste. Réveillé à 4h45 par les sirènes d’alerte de son QG de Vervins,
il descend dans son bureau avec son ordonnance le capitaine Audigier et fait
réveiller ses hommes à la hâte. Pourtant, l’ordre d’alerte N°3 ne lui
parviendra qu’à 6 heures du matin… L’ordre de mise en route ne sera donné
qu’à 6h30. Le temps de réveiller les troupes et de les préparer, la plupart des
grandes unités ne bougeront pas avant midi. Soit douze heures de retard, aux
mieux, pour les plus légères ! Alors que chaque minute compte…
Les premières divisions : 3e DLC, 1ère Brigade
de Spahis, et 5e bataillon de chars de combat (BCC) qui devaient entrer au
Luxembourg dès la violation de la neutralité du territoire, n’y pénètreront
donc qu’à partir de 7h30, soit quatre heures après l’attaque, pour se retrouver
presque immédiatement face aux éléments avancés de la Wehrmacht.
« L’aide » française s’arrête donc à quelques kilomètres seulement de
la frontière. Et ce scénario, se reproduisant sur tout le front, pénalise
lourdement la manœuvre Dyle-Breda, qui prévoyait de bloquer au plus vite et au
plus loin, l’avance allemande.
Apparemment, selon certains auteurs, qui semblent
trouver cela normal, les services de renseignement n’auraient donc informé de
rien les plus hauts responsables français. Pourtant, outre les renseignements
fournis par ses SR, difficile de prétendre que Gamelin ne s’y attendait
pas un petit peu…
Dès le 16 décembre 1939, alors qu’il recevait à
Vincennes son ami Jules Romain, il lui avait confié : « J’imagine que
la période d’immobilité actuelle sera rompue par une action dans laquelle on
jouera le tout pour le tout… La décision se produira alors bien plus vite qu’on
ne le croit… Oui, ce sera rapide et terrible ! » Et lorsque
Romain l’interroge quant à la date probable, son ami lui répond
franchement :
« La fin de janvier n’est pas hors de
question. » Puis après réflexion : « Mai. Oui, mai. C’est plus
probable. »
Et tout aussi difficile pour lui et ses généraux
d’ignorer, la veille, les principaux titres des quotidiens parisiens : Le
9 mai Le jour écho de Paris, annonce : « Alerte aux
Pays-Bas. Une véritable atmosphère de mobilisation en Hollande. Des
précautions spéciales ont été prises sur les côtes. La population est calme. La
Hollande aura ainsi, après le rappel des pensionnaires sous les drapeaux,
l’armée la plus nombreuse qu’elle ait jamais possédé au cours de son
histoire. » Le Journal affiche en première page : « La Hollande
qui mobilise toutes ses forces, attend, sûre d’elle-même, les événements. »
Quant à la blague qui court dans l’armée, elle
résume assez bien le sentiment général :
– Tu as vu, les Hollandais ont rappelé les
permissionnaires ?
– Heureusement qu’on n’est pas Hollandais…
Ces quelques faits, connus de tous, illustrent ce
que certains décrivent comme une « vision inexplicablement mal
appropriée des évènements ». Admirable euphémisme…
Fin de citation
Note de l’auteur :
Le reste de ce chapitre consacré aux « grands
agents » traités par les services secrets français, démontre qu’en aucun
cas le général Gamelin, commandant en chef des forces alliées, ne pouvait
ignorer ni le Plan Manstein, ni les date et heure de l’attaque.
La question posée dans ce 1er tome est
donc : Comment est-il possible que l’Histoire officielle ait réussi à
faire admettre au plus large public, d’une part que l’armée allemande était
supérieure, alors qu’elle ne pouvait combattre plus de deux mois, faute de
munitions, d’obus et d’essence et d’autre part, que le haut-commandement
allié n’avait rien compris du Plan Manstein avant le 14 mai, alors que la
partie était déjà virtuellement perdue ?
Question à laquelle je propose de répondre en
faisant intervenir le paramètre « trahison ». Une trahison qui seule
permettait cette victoire « éclair » indispensable. Ce qui
change tout.
En effet, selon le point de vue qui sera développé
tout au long des deux premiers tomes concernant la trahison militaire, Gamelin
a tendu un piège à Hitler. En laissant sa frontière dégarnie à Sedan et Givet.
En n’opposant que peu de forces dans les Ardennes, il désirait attirer l’élite
des divisions allemandes devant la Meuse, puis les écraser avec son artillerie
tout en faisant remonter ces divisions cuirassées stationnées à une centaine de
kilomètres de là, pour « pincer » les quelques Panzer qui auraient
pu, malgré tout, traverser le fleuve.
Les archives de la bataille enfin ouvertes aux
chercheurs depuis les années 2 000 confortent cette théorie en
révélant que ce piège fut contré par quelques généraux français.
Ainsi, si les rives de la Meuse ont été perdues, ce n’est en rien dû, comme la
version officielle le prétend à une « hallucination collective »,
ayant provoqué une « panique incontrôlable » parmi les défenseurs,
mais suite aux ordres du général Huntziger, qui ordonna le retrait de ses
troupes, l’abandon sur place des pièces d’artillerie et stoppa l’arrivée des
renforts qui auraient dû venir renforcer le front afin de refermer le piège.
Ceci sans aucune raison d’ordre stratégique ou tactique, puisque les Panzer
n’avaient toujours pas pu franchir la Meuse ce 13 mai au soir.
Les mêmes archives et témoignages révèlent que
parfaitement informé de la situation sur le terrain par ses officiers de
renseignements, c’est en toute connaissance de cause, qu’il donna ces ordres.
D’autre part, le piège préparé par Gamelin a
également été saboté sur le front de la IXe armée à Givet, où le général
Martin, loin d’exécuter la contre-attaque ordonnée par ses supérieurs a, sous
les mêmes faux prétextes de franchissement du fleuve par les Panzer, retiré ses
troupes des rives de la Meuse, stoppé l’arrivée des renforts et même abandonné
sur place la 1ère division cuirassée, sans essence, sans soutien
d’infanterie, ou d’artillerie. Celle-ci sera détruite en quelques heures.
Enfin, l’aviation fut maintenue au sol avec
interdiction de vol et l’intervention des deux autres divisions cuirassées
prévues par Gamelin fut sabotée. L’ensemble de ces trahisons explique
pourquoi Rommel et Guderian ont pu franchir la Meuse sur des ponts flottants,
sans pratiquement subir de pertes.
En résumé, le seul « miracle » qu’il y ait
jamais eu dans les Ardennes et sur la Meuse, tient uniquement à une trahison
militaire dont les nouvelles archives, et autres témoignages
« oubliés » des théoriciens du Blitzkrieg, nous révèlent tous les
détails.
Voilà pourquoi le piège de Gamelin s’est refermé sur
lui et qui explique pourquoi les deux plans qu’il mettra en œuvre dans les
jours qui suivirent – eux aussi sabotés par les mêmes artisans de
« l’étrange défaite » – furent tout aussi consciencieusement
effacés de l’histoire de la bataille.-------------------------------------
Le Grand Mensonge du XXe Siècle Tome 2 : Controverses sur quelques trahisons "oubliées": 10 - 14 Mai 1940 - 28 Jun 2017
Après avoir pu progresser pendant trois jours sans
être bombardé, le groupement von Kleist, fer de lance de l’armée allemande, se
retrouve devant la Meuse. C’est à cet endroit, alors qu’il est empêtré avec ses
Panzer au milieu des Ardennes, totalement à la merci des canons français, que
le généralissime Gamelin a choisi de l’affronter. Mais son piège va se
retourner contre lui, car le 13 mai, le général français Huntziger, commandant
la IIe armée ordonne le retrait des troupes tenant les rives et stoppe
l’arrivée des renforts stationnés non loin. Sur le front de la IXe armée, le
général Martin, commandant le 11e corps agit de même le lendemain, interrompant
la contre-attaque prévue par le général Corap et livrant à la destruction la
1ère division cuirassée française, isolée à l’avant de ses lignes, privée de
tout soutien et d’approvisionnement en essence. Au cours de ces deux jours
cruciaux, les chasseurs et les bombardiers français resteront cloués au sol,
sur ordre du haut commandement de l’Air. Quant aux deux autres Divisions
cuirassées, qui auraient pu stopper les Panzer sur la rive droite de la Meuse,
elles seront immobilisées, puis éparpillées par les généraux Georges et
Huntziger, principaux artisans de cette « étrange défaite ». Non, il ne s’agit
pas là d’un scénario de fiction, mais d’une effrayante réalité, révélée par les
archives de l’armée française, ouvertes au public depuis l’année 2000.
L’auteur, après sept années de recherches, nous livre ici ses conclusions :
Pour lui, la défaite française de mai 1940 n’est due ni à une série de «
miracles », ou à une quelconque « fatalité », mais à une petite trahison …
entre amis, et pour une grande cause : L’Europe et la Paix…
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