13/07 - TRUMP AU SECOURS DE L'EUROPE ?
VEUT-IL NOUS DÉBARRASSER DE L'UNION
EUROPÉENNE ?
CETTE FOIS LE SAUVETAGE DE NOTRE FRÈRE
AMÉRICAIN
N'EST PAS INTÉRESSÉ.
![]() |
Macron a trop compté sur son "charme". Trump n'est pas Gay, lui, mais simplement gai. Il a bien joué avec Macron, maintenant il passe aux choses sérieuses. |
Les exigences de Donald Trump vont
obliger l’Europe à se reconstruire, c’est plutôt une bonne nouvelle
La
politique conduite par Donald Trump ne peut que générer une réaction des
européens très solidaire.
Emmanuel
Macron a cru qu’il pouvait séduire le président américain, mais il s’est vite
aperçu qu’après les embrassades, Donald Trump n’a cédé sur rien. Les
embrassades sont devenues embarrassantes.
Angela
Merkel a tenté une négociation sur le dossier des échanges commerciaux, mais
elle n‘a rien obtenu.
Quant
à la Grande Bretagne, quelle déception pour les partisans du Brexit, ou alors
quelle naïveté de leur part. Le projet de nouer des accords commerciaux avec
les États-Unis pour compenser ce qu’ils allaient perdre avec le divorce, n’a
pas abouti. Du coup, Theresa May se retrouve obligée de revenir à proposer un
accord avec l’Union européenne qui ressemble étrangement à ce qui existait
avant le vote pour le Brexit.
Aujourd‘hui,
le président américain persiste et signe et donne une formidable occasion aux
européens de prendre conscience que l’Europe est assez forte pour assumer cette
prise de distance avec l’oncle Sam, et penser que son avenir se joue presque
autant à l’est qu‘à l’ouest. Enfin, alors que Donald Trump joue comme si le
concert mondial allait se résumer à un dialogue entre les US et la Chine,
l'Europe a tout intérêt à s’apercevoir qu’elle va en faire les frais.
La
politique américaine impulsée par Trump va obliger les européens à développer
une position commune.
---------------------------------------------
Sommet de l’Otan : l’Europe
saura-t-elle transformer le choc Trump en électrochoc de survie ?
Donald
Trump au sommet de l'Otan en enchaîné les déclarations choc sur l'Allemagne
s'attirant l'ire générale. Pour autant, n'est-ce pas lui qui met l'Europe face
à ses contradictions et pointe les vrais problèmes?
Edouard
Husson : Il faut repartir de ce qui se passe lors de la réunification de
l’Allemagne en 1989-1990. L’Allemagne de l’Ouest de l’époque ne veut pas voir
émerger une Allemagne de l’Est démocratique indépendante. Elle veut absorber
cette dernière. George H.S. Bush donne le feu vert, à une condition: que
l’Allemagne ainsi réunifiée appartienne à l’OTAN. Dans les années qui suivent,
pourtant, l’Allemagne se comporte comme si elle n’était plus dans l’Alliance
Atlantique: elle ne cesse de faire baisser la part de PIB qu’elle consacre à la
défense. Elle en est aujourd’hui à moins de 1%. Presque trois décennies plus
tard, Donald Trump qui, mettant, derrière les apparences, ses pas dans ceux de
Barack Obama, abandonne la politique impériale des USA et revient à une
politique d’intérêt national, ne voit pas pourquoi continuer à assurer la
défense de l’Allemagne: elle préfère investir ses excédents commerciaux dans la
prise de participations dans des entreprises américaines ou dans la
construction d’un oléoduc reliant directement la Russie à l’Europe occidentale
plutôt que dans la participation à l’effort de défense occidental commun.
Donald Trump parle soudain aux Allemands la langue que les Allemands parlent à
leurs partenaires européens. C’est cela qui les surprend: depuis la fin de la
Guerre froide, ils croyaient ne plus avoir à rendre de comptes aux USA. C’était
oublier qu’ils demandent encore aux Américains d’assurer leur défense. Vu de
Washington , la hiérarchie européenne n’est pas celle de l’Union européenne:
regardez comme Trump a tendu la main à Emmanuel Macron qui se trouve être à la
tête du pays qui fait, proportionnellement à son PIB, le plus gros effort de
défense en Europe occidentale. Ensuite, je ne suis pas sûr que Trump veuille
faire le bien de l’Europe à sa place: il est trop respectueux du principe de
souveraineté des Etats pour cela. Enfin, je ne crois pas qu’il soit dans
l’intérêt des Européens , en particulier des Allemands, de se couper de la
Russie. Ce n’est pas l’intérêt des États-Unis non plus, d’ailleurs, qui ne
devraient pas continuer à pousser Moscou vers Pékin.
Quels
sont ces dossiers que Donald Trump osent affronter et que les européens
préfèrent éviter ?
Les
points de désaccord sont nombreux. Et ils sont largement liés au fait que l’Europe,
de par les mécanismes de décision propres à l’Union Européenne, est
effroyablement lente à s’adapter au monde tel qu’il est. Regardez la question
des relations avec Israël. L’Union Européenne critique la politique
palestinienne de Tel Aviv comme si on en était encore à la fin des années 1990.
Entretemps, Israël a fait plusieurs propositions de règlement du conflit, a
évacué la bande de Gaza et vu s’y installer le Hamas et se trouve bien plus
vulnérable face à l’Iran que lorsque l’Irak et la Syrie étaient des États
solides. Pourquoi l’Europe et les États-Unis ne pourraient-ils pas se rejoindre
dans une politique d’alliance intelligente avec Israël? Au lieu de subir la
crise de l’espace géopolitique méditerranéen comme elle le fait, pourquoi
est-ce que l’Europe ne s’entend pas avec les États-Unis pour la construction
d’un nouvel ordre méditerranéen? Pourquoi l’Europe n’aurait-elle pas une
relation d’équilibre des puissances avec la Russie, à laquelle Trump semble se
ralllier? Avoir un partenariat équilibré avec la Russie ne signifie pas être
dépendante d’elle sur le plan énergétique comme l’Allemagne qui, par idéologie,
est sortie de l’industrie nucléaire sans que la technologie des énergies
renouvelables soit suffisamment avancée ni bon marché et se trouve obligée
d’acheter massivement du gaz russe pour ne pas perdre la face. Pourquoi
l’Europe se condamne-t-elle à avoir une politique monétaire malthusienne au
lieu de mettre la monnaie au service de la croissance comme le font les États-Unis?
Comment l’Europe peut-elle croire, dans un monde d’États souverains ,que l’on
puisse peser en quoi que ce soit sur les affaires internationales sans qu’il
existe une « défense européenne » digne de ce nom? Comment l’Allemagne, qui dit
croire au commerce international, peut-elle ne pas jouer le jeu traditionnel de
l’économie ouverte: cela implique non pas d’accumuler les excédents mais de les
dépenser ou de les investir? Vu de Washinfton, les questions sont
nombreuses. Et n’importe quel président américain aurait fini par les
poser. Ne confondons pas les provocations de style de Trump et la réalité
des rapports de force entre Américains et Européens.
En
quoi la pression mise par Donald Trump pourrait aboutir à une prise de
conscience ? Cette prise de conscience pourrait-elle aboutir elle même à un
renforcement, ou à délitement de l'UE ?
Premier
scénario: les dirigeants européens font front contre Donald Trump. Il les
réconcilie à ses dépens. C’est peu probable parce que l’Europe est divisée sur
beaucoup de sujets. Deuxième scénario, aussi improbable, les Européens
s’entendent avec Trump, en faisant abstrction de sa personne pour se rendre
compte que n’importe quel président américain se poserait ces questions tôt ou
tard du point de vue des intérêts nationaux américains. En fait, le dialogue
entre Européens et Américains est impossible parce que les conceptions
budgétaires respectives sont à l’ opposé: l’Allemagne a fait triompher au sein
de l’Union Européenne, et plus particulièrement de la zone euro, une vision
très restrictive. Franchir les 2% du PIB consacrés à la défense pourrait amener
plusieurs pays à dépasser les plafonds de déficit autorisés par les traités
européens. Quant à 4%, ce ne serait possible qu’après la fin du système de
l’euro. Le débat est très significatif de la différence fondamentale entre les États-Unis,
où la monnaie est au service de la croissance et de l’investissement et
l’Europe où l’activité économique est soumise à l’exigence de stabilité
monétaire. Dans tous les cas, Trump a un impact immédiat en concentrant
ses critiques sur l’Allemagne: il pose la question de l’efficacité du
leadership allemand en Europe. L’Allemagne devient du coup plus vulnérable dans
les discussions internes à l’UE.
Donald
Trump est arrivé au conseil de l’Otan avec une idée précise, faire payer aux
européens le juste prix selon lui de l’OTAN. Cette organisation militaire basée
à Bruxelles dont l’objectif était de protéger l’Europe. Il veut donc
principalement taxer l’Allemagne, accessoirement les autres pays européens
membres de l’OTAN. Ce dossier concerne aussi la France qui a réintégré le commandement intégré de l‘Otan en 2009
sous Sarkozy après l’avoir quitté en 1966 à l’initiative du Général De
Gaulle qui lui avait choisi l’indépendance militaire.
La
demande de Donald Trump est légitime mais archaïque. Elle doit obliger le européens à s’interroger sur le rôle et l'utilité
de l’OTAN.
Soyons
sérieux, l‘Alliance Atlantique a été créé après la guerre pour permettre à
l'Europe de se protéger contre l'Union soviétique et les risques de l’empire
communiste. Très bien. Seulement aujourd’hui, l’Union soviétique et les risques
communistes n’existent plus. L’ennemi numéro 1 en Europe, ce n’est plus la
Russie. Les ogives nucléaires ont changé d'orientations et de cibles. L'ennemi
commun des européens et de la Russie d’ailleurs, c’est le terrorisme islamique.
Les forces de l’OTAN sont complètement inadaptées.
Plus
sérieux encore, la défense européenne est principalement assurée par les deux
seuls pays qui sont équipés d’une véritable force militaire en Europe, la
France et la Grande Bretagne. L‘Allemagne est absente.
Ce
débat engagé par Donald Trump devrait logiquement accoucher d’un autre débat
portant sur la construction d’une défense européenne et d’un budget européen.
Si l’Allemagne doit payer une contribution à sa défense, ça n’est pas aux
américains qu‘elle doit payer, mais aux européens dans le cadre
d’un budget et d’une politique commune qu’il faut construire et c’est
urgent.
Aucun commentaire:
Publier un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.