28/10 - MANIFESTATION DE POLICIERS.
LES SIRÈNES DE LA COLÈRE.
"Le devoir de la
police n’est pas de vous protéger. Son travail consiste à protéger la Société des États-unis SA
et d’arrêter ceux qui enfreignent les codes."
Dans cet article récent.
Mais il en est de même
pour la France.
François Hollande et
Bernard Cazeneuve ont rencontré mercredi soir les syndicats de la police.
Ouest France - Michel Urvoy
En décembre 2001, des
milliers de gendarmes manifestaient pour réclamer à Lionel Jospin, alors
Premier ministre, de meilleurs salaires et plus d'effectifs. Nous étions à cinq
mois de la présidentielle.
Entre 2008 et 2012, les
forces de l'ordre n'ont pas bronché, alors que la droite supprimait 10 000
postes, en solde net.
En octobre 2016, des milliers
de policiers défilent, de nuit surtout, contre un gouvernement, de
gauche, qui en a pourtant rétabli à peu près autant, et a revalorisé les
salaires. Nous sommes à six mois de la présidentielle.
Il y a, à l'évidence, une
dimension politique, un accélérateur électoral, à ce long conflit. Explication
d'autant plus plausible que ce secteur de la fonction publique, selon une
enquête de Sciences Po (1), vote à plus de 51 % pour le Front national.
Attention, cependant, à ne
pas confondre la cause et l'effet : ce chiffre n'est pas la preuve d'une manipulation,
même si la droite est très prompte à soutenir les forces de l'ordre. Il serait
plutôt le résultat d'un état d'esprit chez des femmes, et surtout des hommes,
minés par la confrontation, quotidienne et dangereuse, avec une réalité
dégradée.
Ce n'est jamais un bon
signe que les bras armés de l'État dirigent leur colère contre... l'État.
Bernard Cazeneuve, Jean-Jacques Urvoas et François Hollande le savent bien, en témoigne
l'importance de leur engagement à revoir le poids des tâches secondaires, à
débloquer 250 millions pour remplacer des équipements obsolètes, à financer des
moyens de protection. Et même à examiner la question taboue de la
légitime défense.
Amertume et impunité
On a tout dit des congés
en retard, de l'état d'urgence, des manifestations à encadrer... C'est bien
pour y répondre que les effectifs sont revus à la hausse, forcément avec un
effet retard, malgré la contrainte budgétaire.
Mais il est troublant que,
dans un secteur aussi syndicalisé que la police, la revendication s'exprime en
dehors des syndicats. Ce mouvement participe ainsi d'une forme de contestation
des structures établies, une sorte de « nuit debout », comme d'autres invoquent
la démocratie directe pour contourner des organisations jugées à côté des
vraies préoccupations.
Il est intéressant aussi
de noter que leurs inquiétudes, face à des formes de violences sans limites, où
l'intention de tuer, comme à
Viry-Châtillon, devient manifeste, rejoignent celles d'autres corps
qui se sentent lâchés par l'État.
Les médecins, les
enseignants, les chauffeurs de bus, les directeurs de supermarché, dans
certaines zones qui n'obéissent plus aux règles de la République , vivent ces
mêmes conséquences de l'absence de prévention, de la disparition du
renseignement de proximité, de la concentration des moyens en d'autres lieux.
Personne ne nie que la
police, plus appréciée que jamais, que la Justice , plus débordée que jamais, font ce
qu'elles peuvent. Avec des moyens insuffisants, vieillots, dégradés, une
organisation inadaptée et des procédures pénales trop lentes, un mauvais
partage entre le bureau et le terrain, entre les sécurités privées et les
forces publiques.
Et chacun en mesure le
résultat : un sentiment d'amertume d'un côté, d'impunité de l'autre, qui
décuple les ardeurs des délinquants. Et qui dégrade le lien de confiance entre
le citoyen et les autorités.
Colère policière : un défilé syndical
et une contre-manifestation
le 26 octobre 2016
Les policiers
se sont rassemblés place de la
République , mercredi midi. Dix jours après le début du mouvement, la "base" des
policiers s'est rassemblée devant l'Assemblée nationale, mercredi. Un syndicat
organisait, de son côté, une "marche de la colère".
Depuis dix jours, les
policiers manifestent leur "ras-le-bol" par des rassemblements
nocturnes, organisés dans toute la France, hors cadre syndical. Pour la
première fois, les protestataires se sont rassemblés de jour à Paris, mercredi
après-midi, devant l'Assemblée nationale. Quelques heures plus tôt, une autre
mobilisation était organisée par Unité SGP police FO, depuis la place de la République à Paris mais
aussi dans près de 80 villes de France.
Les trois
informations à retenir :
- Le syndicat Unité SGP
police FO a tenu une "marche de la colère" à midi
- Le mouvement
"asyndical" de policiers s'est réuni à 14 heures devant l'Assemblée
nationale
- François Hollande
recevra les syndicats de policiers à 18 heures
LES TEMPS
FORTS
Un rassemblement suivi. Contrairement
aux rassemblements organisés devant les tribunaux mardi, la manifestation
initiée par Unité SGP Police FO a largement rassemblé. Dans le cortège
syndical, certains affirmaient être là pour "faire les choses dans les
règles", avec les syndicats. D'autres avaient participé aux manifestations
"spontanées" de ces dix derniers jours, mais pensaient que cette
manifestation sera "la plus importante". Des agents des douanes et de
l'administration pénitentiaire étaient également présents.
Le peuple commence à s'unir,
il faut que le corps enseignant et le corps médical se joignent à eux. Nos
gouvernants séduisent les musulmans pour avoir des voix, mais, il oublient les
fonctionnaires en colère et l'armée qui pourrait se retourner contre eux.
La sécurité, revendication
principale. Dans la manifestation organisée par les syndicats, les
gardiens de la paix scandaient "policiers attaqués, citoyens en
danger". "Les effectifs et les moyens supplémentaires sont un
problème, mais ce qui pêche, ce sont surtout les agressions qui nous visent et
la justice qui ne fait rien", résumait un manifestant. Plusieurs
fonctionnaires interrogés souhaitent une rétablissement des peines plancher
pour les agresseurs de policiers.
Devant l'assemblée, une
"contre-manifestation". Alors que le défilé de la place de la République touchait à
sa fin, des centaines de manifestants se sont réunis sur le pont de la Concorde , devant
l'assemblée nationale. "C'est clairement une contre-manifestation",
assumait l'un d'entre eux. "La rupture avec les syndicats est consommée,
on veut se faire entendre, nous, la base." Plusieurs députés et sénateurs
étaient également présents et échangeaient avec les policiers.
Revivez la situation en
direct avec notre journaliste :
Dix jours de contestation. Le
mouvement est né dans l'Essonne, où quatre policiers ont été blessés dans une attaque au cocktail Molotov à
Viry-Châtillon, au début du mois. Lundi 17 octobre, un appel à la manifestation
initié par la "base" a circulé en Île-de-France, via des téléphones
portables et des forums. Dans la nuit, plusieurs centaines de policiers ont défilé sur les Champs-Elysées,
protestant contre la multiplication des attaques dont ils font l'objet. Depuis,
la contestation a gagné l'ensemble du territoire et de nouveaux rassemblements
de policiers s'organisent chaque soir, dans plusieurs villes de France.
Les syndicats sur la
touche ? Depuis le début du mouvement, les protestataires rappellent
régulièrement leur volonté de se détacher des puissants syndicats de police
pour rester sans leader, ni porte-parole désigné. "Plusieurs policiers
disent que les syndicats sont dans des guerres d'influence entre eux et
oublient un peu le terrain", analyse Mathieu Zagrodski, spécialiste des questions policières.
Mardi, le rassemblement initié par une intersyndicale comprenant notamment
Alliance, premier syndicat de gardiens de la paix, a peu mobilisé.
Des revendications
diverses. Épuisés par deux ans de lutte contre le terrorisme, les
policiers réclament davantage de moyens et d'effectifs, mais pas seulement.
Certains demandent une révision du régime de la légitime défense des
gardiens de la paix, afin de pouvoir utiliser leur arme en cas de danger imminent.
D'autres dénoncent le supposé "laxisme" des magistrats et demandent
le rétablissement des peines plancher pour les agresseurs des membres des
forces de l'ordre. Depuis lundi, des réunions de concertation organisées dans les départements doivent
permettre de recueillir les doléances des policiers à l'échelle locale.
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Toulouse se rebiffe !
26/10/2016
150 policiers
en marche à Toulouse
Toulouse :
une nouvelle manifestation des "policiers en colère", déclarée, est prévue ce samedi, 14h30, place du
Capitole à Toulouse
et se dirigera vers la préfecture.
Malgré le déblocage de 250
millions d'euros par le ministère de l'Intérieur en faveur d'un "plan de
sécurité publique" annoncé ce mercredi, la grogne des policiers
toulousains ne faiblit pas.
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