27/10 - BARONNE COX* : LE PEUPLE SYRIEN
NE SOUHAITE PAS DE CHANGEMENT DE RÉGIME
RT France : Le
résultat d'un renversement éventuel du président Bachar al-Asad serait «un
désastre» car il mènerait à ce que les groupes liés à Daesh «reprennent le
dessus», considère Caroline Cox, membre de la Chambre des Lords
britannique.
* La baronne Caroline Cox est
un membre indépendant de la
Chambre des Lords du parlement britannique, sociologue,
militante pour les droits de l’Homme, fondatrice de l’organisation Humanitarian
Aid Relief Trust. Elle s’est récemment rendue à Damas où elle a
rencontré le président Bashar el-Assad.
RT :Le dernier vote du Parlement convoqué par
David Cameron sur l’intervention en 2013 était un «non» définitif. Le sondage
de Sky News indique que le public la réprouve toujours. Que vous pensez-vous de
l’initiative de Boris Johnson de ressusciter l’idée d'une intervention
militaire en Syrie ?
Caroline Cox (C.
C.) : Ma réponse est basée sur ce que qu’on a vu durant les visites
non seulement à Damas, mais aussi à Alep, à Lattaquié, où on a eu des
rencontres avec les patriotes syriens, le Grand Mufti, le président Assad et
les populations locales. Il est important de faire entendre leur voix, parce
que leur opinion n’est pas transmise, particulièrement dans les médias
occidentaux. Et eux ne veulent pas le changement forcé de régime. Ils disent que
le président Assad est sans doute critiqué pour des raisons compréhensibles,
mais il a été élu par la population syrienne, et il est respecté. En cas du
changement de régime forcé, le pays se retrouverait entre les mains des
terroristes islamistes, tels que Daesh et d’autres groupes terroristes. Les
groupes de rebelles armés «modérés» sont très peu nombreux, selon les
renseignements de la population locale qui connait la situation. Ils ne veulent
pas que leur pays devienne un autre Irak ou la seconde Libye. Ils veulent
choisir leur sort eux-mêmes, ils ne
veulent pas d’intervention. C’est ce que nous ont dit les personnes
qui ont été obligées de fuir chez le Grand Mufti et le gouverneur d’Alep du
partout d&ns le pays.
RT :Le Ministre des affaires étrangères Boris
Johnson montre plus d’enthousiasme à déployer l’opération militaire que les
diplomates – pourquoi ne prône-t-il les solutions plutôt politiques en
Syrie ? Ou bien, il ne le considère comme une option réelle ? Les
pays occidentaux ont tendance à avoir la gâchette un peu facile. Pourquoi donc
ils ne font pas plus, notamment les États-unis, pour séparer les groupes
rebelles des terroristes, comme ils l’ont promis il y a des mois ?
C. C. : Je ne le
comprends pas, je me suis prononcée contre cela à la Chambre des Lords ce
matin. Le ministre est très virulent dans ses critiques contre le
président Assad. Mais il y a eu beaucoup de soutien parmi de nombreux membres
qui s’inquiètent de deux points en particulier. Le premier point c’est
l’interprétation de la situation par les médias occidentaux. On entend tout le
temps parler des attaques de l’armée régulière gouvernement syrienne,du fait
qu’ils emploient des armes chimiques ; mais on n’est jamais informé de
l’emploi des bombes à fragmentations et des armes chimiques, ni des attaques
des groupes des rebelles islamistes. Le jour de ma visite à Alep, l’Université
a été frappée par quatre missiles. On n’entend jamais les deux aspects de la
question. Et maintenant les gens se demandent pourquoi. Et, comme je l’ai déjà
dit, l’aspect le plus inquiétant ce sont les conséquences possibles
d'une intervention qui renverserait Bachar el-Assad et qui mènerait à
ce que les groupes liés à Daesh reprennent le dessus et ce serait un
désastre. Et les gens commencent à réaliser cela, à mon avis.
Nous-mêmes, nous
vivons dans nos sociétés démocratiques, et il faut respecter le droit du peuple
syrien pour la démocratie
RT :Quelles sont les
risques d’une autre intervention des forces occidentales dans la région ?
On a vu ce qui s’est passé en Irak et en Lybie. Ces pays sont toujours
plongés dans la violence. Pourquoi la situation en Syrie serait-elle différente ?
C. C. : C’est
une bonne question, moi aussi, je la pose. Ils devraient le faire. S’il y a des
groupes de rebelles modérés armés responsables, il faut les séparer des groupes
terroristes, mais les gens à qui nous avons parlé affirmaient que ces groupes
modérés étaient très peu nombreux. Je dois attester que le président Assad a
créé un ministère de la
Réconciliation qui travaille de façon très intense dans 70
villes, cités et villages pour faire cette distinction, pour permettre
à certains rebelles armés de poser leurs armes. Certains choisissent de
joindre l’armée syrienne, la police ou reprendre leurs activités agricoles.
Certains qui ne veulent pas poser les armes ont l’autorisation de partir mais
ils doivent quitter ces régions particulières. Il faut soutenir cette
initiative syrienne. Le changement du régime ce ne pas ce que souhaite le
peuple syrien d’après ce que nous avons entendu. Nous-mêmes, nous vivons dans
nos sociétés démocratiques, et il faut respecter le droit du peuple syrien
à la démocratie.
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